Découvrez l’impact des matières textiles dans le mobilier et apprenez à faire des choix plus responsables et durables.
27/12/2024
On parle souvent de l’impact du textile dans le secteur de la mode, mais qu'en est-il de son rôle dans l’ameublement. En effet, le textile, utilisé en grande quantité dans les canapés, les fauteuils rembourrés, les poufs ou encore les matelas, est responsable de nombreux impacts. Pourtant, malgré la forte dépendance aux ressources fossiles, la consommation massive d’eau et les effets du surpâturage pour les fibres naturelles, l’impact écologique des textiles d’ameublement reste, à tort, encore peu évoqué.
Dès qu'un meuble contient du textile, c'est presque toujours le composant le plus impactant. Pour mieux visualiser, voici un graphique représentant la répartition par poids des composants d’un pouf (à gauche) et la répartition de ces mêmes composants en fonction de leur impact (à droite).
On voit que le tissu extérieur représente 90% des impacts sur le changement climatique alors qu’il ne constitue que 20% du poids total du produit.
💡L’impact des produits dans le secteur du mobilier est souvent étudié sous l’angle du changement climatique, mais il est important de noter que les textiles ont un impact sur d’autres indicateurs comme l’utilisation de l’eau, des ressources fossiles et l’eutrophisation des milieux.
Il existe deux grands types de matières utilisées dans le textile :
Les fibres naturelles sont d’origine végétale, animale ou minérale, tandis que les fibres chimiques sont obtenues à partir de la synthèse d'hydrocarbures pour les fibres synthétiques et de composés naturels pour les fibres artificielles Ainsi, elles n’impactent pas l’environnement de la même manière.
Les fibres chimiques vont impacter davantage le changement climatique et l’épuisement des ressources fossiles, puisqu'elles sont généralement pétrosourcées (polyester) ou énergivores à la production (viscose et tencel).
À l’inverse, c'est sur l’utilisation d’eau que les fibres naturelles vont être le plus impactantes. En particulier pour le coton, c’est pour cela qu’il faut privilégier un coton biologique ou recyclé ou d’autres fibres moins consommatrices d'eau comme le lin.
Concrètement, voici un décryptage rapide des matières les plus utilisées : le coton, le polyester et la laine.
Le coton est la fibre naturelle la plus utilisée dans le textile, mais c’est surtout une matière qui est importée de loin et qui pèse sur l’environnement.
Tout d’abord, la culture du coton nécessite une quantité faramineuse d’eau : jusqu’à 29 000 litres d’eau sont utilisés pour produire 1 kg de coton. De plus, des produits chimiques comme les insecticides, les pesticides et les engrais sont également utilisés. À travers la culture du coton, l'industrie textile est également très gourmande en engrais puisqu'elle utilise 4 % des fertilisants à l'azote et au phosphore utilisés dans le monde, contribuant largement à l’acidification et l’eutrophisation des eaux mondiales.
Connu pour sa résistance et son élasticité, le polyester est la matière la plus utilisée dans le textile. Mais, comme 70 % des matières synthétiques, il provient du pétrole, qui est une ressource limitée. (sources Ademe). De plus, le polyester n’est pas biodégradable, contrairement aux fibres naturelles comme le coton, lin… Au lavage, ce tissu relâche des microplastiques qui polluent les écosystèmes aquatiques et terrestres (240 000 tonnes sont ainsi relâchées dans l’environnement chaque année dans le monde d’après l’ADEME).
La laine, quant à elle, est une matière controversée et la littérature scientifique fournie des résultats d’impact très variés à son sujet : les fibres vierges ont un impact estimé entre 10,4 kg de CO2 eq./kg et 103 kg CO2 eq./kg selon les études.
Néanmoins, son impact moyen reste élevé : l’élevage des moutons constitue la phase la plus émettrice de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie de la laine, tandis que le lavage contribue fortement à la consommation d’eau.
Malgré tout, bien que son empreinte écologique soit supérieure à celle de nombreux autres textiles, la laine possède des atouts uniques : elle est respirante, régulatrice de chaleur, résistante et perçue comme qualitative par les consommateurs, des qualités qui prolongent la durée de vie des produits.
Ainsi, si l’utilisation de laine est nécessaire, certaines bonnes pratiques permettent d’en réduire l’impact environnemental tout en favorisant une production plus responsable. Tout d’abord, privilégier une laine française, transformée et fabriquée en France ou en Europe, où le mix énergétique est moins carboné, et limiter les étapes polluantes comme le blanchiment, permet de limiter l’impact. Il est également intéressant de se tourner vers de la laine recyclée, car l’élevage et la tonte des moutons sont les phases les plus impactantes du cycle de vie. De plus, afin de garantir son recyclage en fin de vie, il est important d’opter pour une laine non mélangée à d’autres fibres. Enfin, veillez à choisir des laines certifiées par des labels tels que GOTS ou RWS, qui garantissent des pratiques respectueuses du bien-être animal et des méthodes de production biologique.
Plus globalement, si on ne se concentre que sur l’intensité carbone par kg de fil comme critère de comparaison, les meilleurs choix se situeront sur les matières recyclées (laine, polyester, viscose, coton, etc) ou des alternatives responsables et innovantes comme le tencel.
💡Dans notre annuaire de solutions vous retrouverez une fiche et un contact pour vous fournir :
- en tencel, une fibre chimique artificielle synthétisée à partir de cellulose.
- en panneaux acoustiques fait à partir de fibres recyclées (Pierre plume et Interplume).
- et pleins d'autres matières innovantes...
Vous y retrouverez aussi des organismes qui pourront vous proposer des textiles upcyclés tels que Mineka ou encore des initiatives de textile recyclée à partir de déchets martins.
Le choix des matières premières est une étape primordiale, mais pour concrétiser ces efforts, il faut également anticiper la fin de vie et faire en sorte que son meuble soit correctement recyclé. En effet, beaucoup de meubles contenant du tissu ne sont ou ne peuvent pas être recyclés et sont enfouis.
Pour qu’un meuble contenant du tissu soit recyclé, il doit être déhoussable, monofibre et correctement collectés. Pour cela, il peut être amené directement à la décharge ou en magasin, où des solutions de collectes de mobiliers usagés peuvent être mises en place par les éco-organismes.
Dans le cadre de la loi AGEC (Anti Gaspillage pour une Économie Circulaire), depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, les metteurs sur le marché ont pour obligation de mettre en place le dispositif gratuit de reprise pour leurs clients et de les informer (obligation d’information).
Pour les magasins d’ameublement entre 200 m² et 1000 m², la reprise 1 pour 1 est obligatoire. C’est-à-dire que pour la vente d’un produit, la reprise d’un produit équivalent est obligatoire-reprise d’un canapé 2 places lors de l’achat d’un canapé 2 places.
Concernent les magasins d’ameublement supérieur à 1000 m², la Reprise 1 pour 0 est obligatoire. Cela signifie la reprise sans frais de produits équivalents à ceux vendus dans l’enseigne, sans obligation pour le client d’acheter un produit neuf.
Vous vous sentez perdus après toutes ces informations ? Laissez-nous vous faire un récap rapide.
En pratique, pour réduire l’impact environnemental des textiles dans le secteur de l’ameublement, l’ADEME recommande de privilégier des matières comme le lin ou le chanvre, dont la culture est peu gourmande en eau et en engrais, d’autant plus que la France est le premier producteur mondial de lin. Le coton biologique est également une option intéressante, à condition de garantir sa traçabilité et l’authenticité de son caractère biologique.
Par ailleurs, quelle que soit la matière choisie, il est essentiel de favoriser les textiles monofibres, plus faciles à recycler (si déhoussable), et de donner la priorité aux matières recyclées ou issues de l’upcycling. Ces choix permettent de prolonger le cycle de vie des matériaux tout en réduisant la pression sur les ressources naturelles.
Enfin, pour s’y retrouver parmi les nombreuses options, certains labels certifient la qualité, l’origine et les impacts des textiles. Ils constituent des outils précieux pour guider vers des choix plus responsables et durables.
Source pour les données sur la culture du coton:
Maartin. (s. d.). La mode sans dessus-dessous - Qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est Ce Qu’on Fait ? https://archives.qqf.fr/infographie/59/la-mode-sans-dessus-dessous;
Guide des matières textiles écologiques - Dream Act. (s. d.). Dream Act. https://dreamact.eu/fr/blog/article/241/matieres-ecologiques